Le stade de la cité scolaire Paul Valéry s’appelle désormais Alain Mimoun
octobre 24, 2016 dans A la une, A vos côtés par Catherine Baratti-Elbaz
Monsieur l’Adjoint aux Sports de la Maire de Paris, Cher Jean-François Martins
Madame la Députée, Chère Sandrine Mazetier
Monsieur le Maire de Bugeat
Mesdames et Messieurs les Élu-e-s du 12e arrondissement,
Mesdames et Messieurs les Représentants de la Direction de la Jeunesse et des Sports de la Ville de Paris,
Madame Pariolleau, Principale-adjointe du collège Paul Valéry,
Mesdames et Messieurs les Représentants des clubs sportifs,
Mme Pascale MIMOUN ainsi que vos proches et amis venus parfois de très loin,
Je tenais à vous remercier d’être tous présents, aussi nombreux, en ce jour particulier. Jour où nous avons l’immense plaisir et honneur d’inaugurer le Centre Sportif Alain MIMOUN.
Le 19 octobre 2016 Paul VALÉRY, plume exceptionnelle, laisse donc sa place à Alain MIMOUN, coureur de renom. Paul Valéry avait donné son nom à ce vaste ensemble composé de la cité scolaire et du complexe sportif.
Je sais Pascale MIMOUN que vous n’en êtes pas à votre première inauguration. Le nom de votre père a en effet été apposé sur déjà tant de salles, de gymnases, de pistes d’athlétisme, de centres sociaux… Et pourtant, dans le 12e, nous avons tenu à ajouter cet équipement à la longue liste des bâtiments publics qui mettront en lumière la personnalité hors norme de votre père. En effet, c’est pour moi un choix symbolique fort et lourd de sens : celui de mettre à l’honneur et dresser en modèle un de nos plus brillants athlètes français, en cette période de candidature de Paris à l’organisation des Jeux Olympiques de 2024.
Alain MIMOUN, comme chacun le sait, était un sportif hors-pair, un athlète accompli et l’une des grandes figures du panthéon sportif français.
- 32 titres de Champion de France
- 20 records de France
- 86 fois porteur des couleurs de la France lors des compétitions internationales
- trois fois médaillé d’argent olympique : sur le 10 000 mètres aux JO de Londres de 1948 et sur 10 000 et 5 000 mètres aux JO d’Helsinki de 1952
- et bien sûr, il fut le triomphal vainqueur du marathon des JO de Melbourne de 1956.
Il fait partie de la longue liste des champions français formés à l’INSEP, dans le Bois de Vincennes et je sais qu’il a beaucoup couru dans les allées du Bois de Vincennes qu’il aimait beaucoup. Athlète français le plus titré, il est un symbole de l’excellence sportive française.
Mais au-delà de ces nombreux titres, c’est l’homme de valeurs que nous célébrons aujourd’hui. Des valeurs fortes, essentielles à mon sens, qu’Alain MIMOUN portait et incarnait.
Le respect et l’humilité. Dans la compétition comme dans son quotidien, Alain MIMOUN était reconnu comme un homme humble et respectueux. Humble, il l’a été jusqu’à la veille de ce qui fut pourtant le point d’orgue de sa carrière sportive, quand il déclarait à son entraîneur « Vous savez, je ne promets rien. Je ferai seulement mon possible pour aller jusqu’au bout ». Bien que se fiant aux fruits de son intense préparation, son expérience et son instinct compétitif, bien que le destin même semblait lui sourire – entre votre naissance Pascale MIMOUN ou son dossard n°13 – il sut faire preuve de modestie, considérant que rien n’était acquis jusqu’au passage victorieux de la ligne finale du marathon de Melbourne. Respectueux, il le fut sa vie entière : de ses proches, de ses entraîneurs, de ses adversaires. En témoignent ces amitiés presque « hors normes » avec ses grands rivaux l’Américain John KELLEY et le Tchèque Emil ZATOPEK.
Le sens de l’effort et l’abnégation. De cet effort et cette abnégation qui mènent bien sûr à l’excellence, au dépassement de soi, à surpasser ses limites. Sa performance au JO de Melbourne en est le criant exemple. Sous une chaleur accablante, durant 2H25, il parcourt les 42 Km du Marathon, dans une intense concentration, s’invectivant même, forçant son propre corps à ne pas renoncer. « J’ai senti la défaillance venir et j’ai bien cru que je ne finirais pas. Mes jambes me faisaient de plus en plus mal. Mais j’ai pensé que les autres ressentaient autant la fatigue que moi, alors j’ai fait appel à toutes mes ressources » racontait-il lors de ses interviews postérieures. Son palmarès démontre que le travail, acharné, la discipline, alliés à une volonté forte, peuvent mener à la réussite, à une victoire qui est d’autant plus appréciée qu’elle s’est faite au prix d’efforts, de peines, de sacrifices.
Par ses valeurs, Alain MIMOUN incarnait donc véritablement l’esprit olympique, cette « philosophie de vie, exaltant et combinant en un ensemble équilibré les qualités du corps, de la volonté et de l’esprit ». C’est aussi pour cela que, dans un contexte marqué par la candidature de Paris aux JO 2024, il nous semblait nécessaire de rappeler à la mémoire collective le souvenir de ces hommes qui furent des grands athlètes car ils incarnaient l’olympisme au-delà des pistes, des courses et de leurs trophées.
Engagé pour la France libre, il se bat en Italie où il échappe à une amputation du pied suite à une blessure. Avec son bataillon, il participe au débarquement en Provence et à la libération de la France.
Donner aujourd’hui le nom d’Alain MIMOUN à ce centre sportif est donc, comme vous l’avez compris, loin d’être anodin. Nous voulons transmettre ici aux sportifs de tous âges cette philosophie de vie, ces valeurs qui forgent l’esprit olympique et les valeurs républicaines.
Ce choix est d’autant moins anodin que nous l’avons porté sur un équipement sportif pleinement intégré à un collège et lycée et très fréquenté par nos jeunes. Un centre sportif majeur de notre arrondissement avec deux gymnases, sa salle de danse – dojo, son stade ainsi que ses six courts de tennis. Je tiens ici à remercier l’équipe de nos agents particulièrement mobilisés pour son entretien quotidien.
Alain MIMOUN. Beaucoup de nos jeunes, je pense, ne le connaissent aujourd’hui pas. Beaucoup l’ont découvert lors des travaux de mémoire dont vous aurez la restitution dans quelques minutes. Je remercie les équipes pédagogiques pour ce travail Désormais, nombreux sauront qui était Alain MIMOUN et comment il a su s’imposer dans un milieu dur et exigeant.
Chaque fois donc qu’ils passeront ces grilles, qu’ils apercevront cette plaque et liront ce nom, nos jeunes auront, je l’espère, une pensée pour la carrière et le parcours exemplaires d’Alain MIMOUN. Et c’est là notre objectif.
Cette plaque sera dès lors un rappel quotidien pour notre jeunesse et au-delà pour tous ceux qui fréquentent cet équipement.
Un rappel que la réussite ne s’acquiert pas sans travail ni effort.
Un rappel que la persévérance est la clé menant à de belles réalisations.
Un rappel que nous échouerons aussi, nous connaîtrons comme Alain MIMOUN des défaites, nous commettrons des erreurs mais nous apprendrons, grandirons, mûrirons grâce à elles.
Un rappel enfin, en ces temps marqués par l’intolérance et la peur grandissante de l’autre, que la France est toujours sortie grandie et plus riche de ses mélanges, de ses rencontres avec d’autres peuples et cultures. Alain MIMOUN est né à Maïder en Algérie, française à l’époque. Il était un enfant que la France a su accueillir, dont elle a su reconnaître la valeur et lui accorder la place qui était la sienne : celle d’un sportif exceptionnel dont nous sommes aujourd’hui fiers qu’il ait pu porter aussi haut les couleurs de notre drapeau. Un rappel aussi des relations toutes particulières qui unissent le peuple français aux algériens.
En tant que Maire, je veux donc que ces messages soient entendus de tous. Je souhaite que ces idées germent et s’ancrent en chacun. Que ces valeurs, qu’a su porter et incarner Alain MIMOUN, de respect, d’humilité, de persévérance, de tolérance et de courage, deviennent pleinement les leurs, les nôtres. Qu’ils voient en Alain MIMOUN une source d’inspiration, non pas uniquement pour ses belles médailles mais aussi pour ses principes, c’est indissociable.
Je souhaitais enfin adresser un petit clin d’œil à nos clubs sportifs. Comme le club d’athlétisme de Bourg-en-Bresse en son temps, peut-être nos associations détecteront-elles à nouveau un jeune talent, qu’ils prendront sous leur aile, entraîneront, forgeront pour en faire un athlète de haut niveau. Car je n’oublie pas le rôle décisif que vous, clubs du 12e, jouez pour nos jeunes amateurs de sports : au-delà de l’initiation et du perfectionnement, vous transmettez à tous vos adhérents les valeurs du sport, le sens de l’effort, la discipline qui préfigure la réussite, le goût du vivre-ensemble. Et pas seulement dans le monde sportif.
Enfin, chère Pascale MIMOIUN, je tiens à vous remercier d’avoir accepté que nous donnions le nom de votre père à ce bel équipement. C’est un honneur pour nous.