Conseil de Paris des 27, 28 et 29 mars 2017

Retrouvez mon intervention sur le projet de création d’un centre d’hébergement dans le 12e au bastion de Bercy

Madame la Maire, mes chers collègues,

Plus d’an un après l’ouverture mouvementée du Centre d’hébergement de l’allée des fortifications, dans le 16^e arrondissement,  je suis heureuse de voir avancer, de Conseil de Paris en Conseil de Paris, le projet du Centre d’Hébergement d’Urgence du Bastion de Bercy, dans le calme et la sérénité, même s’il existe néanmoins des vents contraires du côté des rangs de nos collègues LR….

Pourtant ce projet nous permettra d’héberger dès cet automne 300 personnes dont plus d’une centaine de personnes vivant en famille (et donc de nombreux enfants) et près de 200 personnes isolées, orientées par la SIAO. L’urgence à laquelle nous devons faire face devrait nous réunir et ce projet devrait faire l’unanimité. La publication en début de mois, par le ministère du logement, des indicateurs de l’hébergement des personnes sans domicile montre bien, en effet , la nécessité de poursuivre les efforts engagés ces dernières années pour répondre aux besoins d’hébergements que nous n’arrivons pas encore à satisfaire collectivement.

Pourtant, je constate, aujourd’hui encore, que sur ce type de projet, l’approbation n’est pas unanime et chaque étape constitue un motif d’opposition. Il paraitrait superflu à certains de poursuivre à Paris une ambition quelconque en matière de lutte contre la grande exclusion. ?

Que devrions-nous répondre aux habitantes et aux habitants qui nous interrogent quotidiennement sur la présence de personnes vivant dans le plus grand dénuement sur le pas de leur porte ?

Quels objectifs pouvons-nous réellement porter en termes d’insertion économique et d’autonomie des personnes sans-abri, si nous ne commençons pas par leur offrir des conditions dignes d’hébergement ?  Ces situations exigent des réponses tangibles.

L’aménagement temporaire du site du Bastion de Bercy a fait l’objet d’une concertation avec Architectes des Bâtiments de France pour aboutir à une implantation respectueuse du caractère historique de l’ensemble. Afin de permettre l’implantation des modulaires, en protégeant les éléments de l’enceinte de Thiers, il est nécessaire d’abattre 20 arbres. Ils seront compensés par la plantation, sur le site de 28 sujets d’essences diverses (robiniers, frênes, érables).

Je pense que l’on peut saluer le choix qui a été fait de disposer les bâtiments en bordure du Bastion afin de préserver les arbres situés au centre du site et d’aménager un espace vert qui sera propice au bien-être des résidents, et notamment des enfants qui y trouveront un terrain de jeu préservé de la circulation.

Je me félicite également de la volonté d’apporter de la vie sur ce site en aménageant sur certaines toitures des espaces dédiés aux activités sportives. Nous ne manquerons pas d’engager un travail avec l’association Aurore pour proposer des temps communs avec les habitants du 12^e.

Cet usage temporaire ne vient pas limiter l’utilisation future du Bastion telle qu’elle sera décidée dans le cadre de la ZAC Bercy Charenton. Il nous permet cependant de réaliser l’un des engagements du pacte de lutte contre la grande exclusion, qui continue d’étoffer, dans le 12^e arrondissement, nos réponses aux situations de grande précarité.

La majorité parisienne a enclenché une démarche très volontariste qui nous honore et je voudrais saluer l’engagement de tous les élus de la majorité mais également ceux de l’UDI Modem sur ce sujet. On ne peut pas dire que tous les projets de création de centre d’hébergement d’urgence aient été soutenus par les élus LR… On se souvient  des oppositions violentes des élus du  16^e et sur ce projet du Bastion de Bercy, dans le 12e, des oppositions plus détournées, plus démagogiques peut être, des élus LR, au prétexte d’une ZAC lors de notre dernière séance, de protection des arbres à cette séance, mais des oppositions quand même qui se concrétisent par des votes contre !

Aujourd’hui nous réaffirmons la responsabilité des élus de la métropole du Grand Paris. En effet, à l’heure où la métropole élabore son PMHH nous devons porter un meilleur équilibre territorial des sites d’hébergement pour les plus précaires. Je suis par ailleurs convaincue que nous devons donner un rôle renforcé et moteur aux Maires dans ces dispositifs.

En effet si cette compétence reste principalement celle de l’Etat, rappelons-le à moins d’un mois du 1^er tour des élections présidentielles,  si tous les Maires de notre Région faisaient des propositions de sites pour installer des CHU notamment en usage intercalaire, nous pourrions immédiatement donner un toit aux hommes, femmes et enfants qui s’apprêtent avec la fin du plan hivernal à retrouver la rue…

Comment accepter une telle inégalité de répartition ? Comment accepter que tant de familles restent dans la rue, ou dans la précarité d’une mise à l’abri à l’hôtel ? Comment accepter le refus de certains de participer à l’effort collectif de solidarité ?

A ce titre, je salue la proposition concrète portée par Dominique Versini d’un samu social du Grand Paris qui permettrait de coordonner notre action à l’échelle du territoire du Grand Paris, seule échelle pertinente pour répondre à la situation.

Je vois ici ou là, des élus qui s’autoproclament solidaires, mais en terme de solidarité c’est comme en amour, il y a les belles déclarations, les paroles… et puis il y a les preuves, et malheureusement les preuves sont parfois très très discrètes… Trop !

Alors un peu de courage mes chers collègues, avançons ensemble pour donner un toit et un accompagnement social à tous les enfants, femmes et hommes qui dorment dans nos rues !