75 ans après l’appel du 18 juin, la flamme de la Résistance ne doit pas s’éteindre
juin 18, 2015 dans A la une, A vos côtés, Non classé par Catherine Baratti-Elbaz
Monsieur le Président du Comité d’entente des associations de combattants et de victimes de guerre du 12e arrondissement,
Mesdames et Messieurs les membres des associations d’anciens combattants,
Mesdames et Messieurs les anciens résistants,
Mesdames et Messieurs les membres des associations d’anciens combattants,
Mesdames et Messieurs les élus,
Madame la Commissaire centrale,
Monsieur le Principal du collège Germaine Tillon,
Mesdames et Messieurs,
Le 18 juin 1940, à 18h, le général de Gaulle lance son appel à la Résistance sur les ondes de la BBC depuis Londres : refusant la capitulation de la France face à l’ennemi nazi, le général de Gaulle a rejoint Londres afin d’y poursuivre le combat. Le 18 juin, il lance un appel à continuer la lutte, acte fondateur de la France Libre : le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !« Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ». A l’occasion de ce 75e anniversaire, c’est le refus de la défaite que nous célébrons.
Même si cet appel fut peu entendu ce 18 juin, il fut largement diffusé par la suite. Il reste dans notre mémoire collective, comme le symbole par excellence de l’esprit de la Résistance.
Un appel à refuser la résignation, un appel à la mobilisation des forces armées prêtes à reprendre le combat contre les forces ennemies, un appel à tous les français désireux de s’engager contre l’intolérable.
Ce 18 juin, c’est un homme seul qui se lève et debout face au monde dit non à la fatalité, non à la défaite, non au fascisme.
C’est un général de l’armée française qui entre en dissidence au nom d’une certaine idée de la France
De la constitution d’une Armée secrète à la remise en route des institutions et des Lois de la République, cet appel est la première pierre à l’édifice de la grandeur de la France retrouvée.
Le 18 juin, De Gaulle annonce son programme et ses ambitions pour la France. Dans un premier temps, le rassemblement de la Nation dans la Résistance, la participation à cette guerre aux côtés des alliés pour connaître la Victoire et enfin libérer la France pour redonner la parole au peuple français.
C’est un tournant dans l’histoire de notre pays.
L’ambition exceptionnelle de ce programme ne peut s’apprécier qu’en revenant précisément sur les circonstances dans lesquelles ce texte a été lu de Londres, le 18 juin 1940, il y a 75 ans.
La veille, le 17 juin 1940, le Maréchal Pétain, dans une allocution radiophonique, s’adressait au Peuple français et anéantissait tout espoir de victoire en annonçant la capitulation de la France devant l’Allemagne, « un ennemi supérieur en nombre et en armes ».
De Gaulle, est encore Sous Secrétaire d’Etat à la Défense Nationale et l’un des représentants les plus énergiques de la résistance militaire face à l’ennemi.
Refusant de céder face aux Allemands, il prend le chemin de Londres pour offrir une nouvelle voie à la France et au peuple français. Il y rejoint Churchill et devient, dix jours plus tard, « le chef des Français libres».
Le 17 juin est synonyme de soumission et de collaboration pour le peuple français.
De Gaulle, en prenant la voie de Londres a choisi la voie du refus, la voie du combat, de la révolte et au-delà la voie de la Victoire.
Le 18 juin c’est la voie de la renaissance et de l’espoir que propose le Général au peuple de France.
Il sera entendu.
Mais, l’appel du 18 juin est aussi la parole d’un visionnaire, la parole d’un homme qui dès 1940 alors que le conflit est encore limité sur notre continent voit déjà la dimension internationale que prendra cette guerre. Il l’exprime explicitement dans cet appel en affirmant que « cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays (…) cette guerre est une guerre mondiale ».
La singularité de sa vision et son entrée en dissidence ont changé le destin de notre pays.
La voie engagée par l’appel du 18 juin 1940 fait en 1945 de la France un des vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale et par la même occasion un pays souverain, indépendant et logiquement l’un des cinq membres fondateurs de l’ONU et de son Conseil de Sécurité.
Dans une France à terre, submergée, beaucoup de français sont spontanément entrés en résistance, sans attendre, sans entendre l’appel du 18 juin.
Les réseaux s’organisent alors sur tout le territoire, selon les affinités, les opportunités, les rencontres, de manière un peu chaotique, mais toujours avec cette même conviction intime dans les cœurs de chacun de ces hommes et de ces femmes qu’il faut résister, qu’il faut dire non face au fascisme, au péril de sa propre vie, de celle de ses proches pour sauver ce à quoi on croit, pour défendre un idéal qui nous dépasse.
Ce mouvement de fond traversera les générations, transcendera les partis politiques, mobilisera dans toutes les classes sociales, des civils, des militaires comme des religieux.
Pourtant De Gaulle disait de cette Résistance qu’elle avait eu « ses hauts, ses bas, ses erreurs et ses grandeurs, ses défaillances et ses triomphes, mais elle fût et il fallait qu’elle fût, unie et indivisible comme la France qu’elle représentait ».
Avec Jean Moulin, il réussit à unifier les branches militaires des différents mouvements de la Résistance.
Communistes comme Raymond Aubrac ou Henri Rol-Tanguy, socialistes comme Daniel Mayer et Pierre Brossolette, radicaux comme Georges Bidault, hommes et femmes de droite comme le furent Maxime Blocq-Mascart ou Marie Madeleine Fourcade ; Ou encore Geneviève De Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion, Jean Zay et Pierre Brossolette, 4 figures héroïques de la Résistance qui reposent désormais au Panthéon, après l’hommage solennel de la Nation rendu par le Président de la République.
Cette exigence d’unité a mené à la victoire des individus différents, mais unis pour défendre leurs idéaux de liberté, de justice et de dignité.
Notre France, celle que nous connaissons aujourd’hui n’aurait pu voir le jour sans ces milliers d’autres héros ordinaires dont les noms ne sont pas restés gravés dans la mémoire collective, ils sont pourtant aussi morts pour la France.
Au-delà de nos frontières et de la résistance intérieure, des hommes se sont aussi battus au sein des forces française libres, qu’ils aient quitté la Métropole, où qu’ils soient d’Afrique, ils ont combattus aux côtés des Alliés pour la France, ils sont aussi morts pour notre Liberté.
Au-delà de l’appel du 18juin, nous devons aussi au général de Gaulle l’installation du gouvernement provisoire de la République Française.
C’est à eux que nous devons la naissance de la France Nouvelle : une réforme des institutions décidée par le peuple, un nouveau modèle social et économique.
Le programme National de la Résistance a inspiré de nombreuses grandes réformes notamment dans le domaine du droit social dont une grande partie sont devenus des Lois de la République.
Sans oublier, la Révolution que fût le droit de vote des femmes. Dès le 23 juin 1942 le Général De Gaulle l’annonçait : elles éliraient « une fois l’ennemi chassé du territoire (…) l’Assemblée nationale ». Ces femmes, qui prirent toute leur place dans la Résistance ne sont pourtant que 4 aujourd’hui au Panthéon. C’est d’ailleurs une femme qui a tapé l’appel du 18 juin, Elisabeth de Miribel, aurait dit « j’ai l’obscur pressentiment de participer à quelque chose d’extraordinaire ».
Avec le Général de Gaulle, ces hommes et ces femmes se sont levés pour résister, pour dire non au monde qu’on tentait de leur imposer.
C’est une révolte collective, lancée au monde par le peuple de France. Un sentiment qui doit se rapprocher de ce que certains d’entre nous ont pu ressentir en défilant dans les rues de Paris ce 11 janvier.
En partageant avec des inconnus, cette urgence à défendre notre liberté, un bien si précieux menacé par un fanatisme sans limite
En se tenant debout pour dire non à la peur, pour dire non au terrorisme et à l’horreur, pour dire non à l’antisémitisme
En appelant le peuple de France à se battre pour ses valeurs, à s’opposer à l’intégrisme et à la haine
Ce message lancé par la France, est aussi un héritage de cet appel au combat lancé ce 18 juin qui a marqué des générations.
Ce rassemblement a donné un « nouveau souffle » à notre Nation, ce souffle qu’ont évoqué les élèves du collège Germaine Tillion il y a quelques minutes, cette résistance, c’est aussi un sursaut républicain, la veille de la flamme de l’esprit de la « résistance française ».
Résister, c’est se souvenir que dans les pires moments de son histoire, la France ne s’est pas résignée à la capitulation, grâce à quelques centaines d’hommes et de femmes qui ont pris les premiers le risque de désobéir.
Résister, c’est agir contre les forces obscures de la tyrannie et de la xénophobie, toujours prêtes à investir la détresse en détournant les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité au prix de la division de notre Nation.
Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre
Je vous remercie.